Voyager à deux pas de chez soi
Tout a commencé par un concours d'écriture...
Une belle aventure :
Mr le président,
Je n'aime pas trop les discours. Mais quand j'ai relu le vôtre, j'ai décidé de prendre la parole.
De vos propos musclés de l'été 2010, je n'ai à vrai dire rien entendu.
J'étais en Islande cet été là, sur une terre volcanique, bien loin de tout.
Et je n'ai rien gardé de ces évènements brutaux si ce n'est quelques images d'une extrême violence sur Internet.
Moi, j'étais à la bibliothèque de Reykjavik quand j'ai vu les premières images en lien avec le quartier de la Villeneuve.
Une bibliothèque superbe avec de grands fauteuils en cuir, des livres bien sûr, et la vue sur le port pour rêver au Groenland.
Je vous précise, pour votre culture personnelle, que vous êtes, parait-il, soucieux d'enrichir, que l'Islande ne compte que 300000 habitants mais que tout le monde écrit et que les livres ne font pas peur aux gens. Pas un village sans bibliothèques.
Mais de Grenoble, qui compte pourtant un nombre impressionnant de bibliothèques et donc de lecteurs, je n'ai vu cet été là, que des CRS. Une réalité déformée. Mais qui a laissé des traces. Parce qu'un mois plus tard une jeune fille de Paris m'a dit « Tu habites dans cette ville ? Mais c'est dangereux d'y vivre !»
Je tiens à préciser, Mr le présient, que cette fille n'était pas une idiote.
Peut-être qu'elle avait juste un peu trop regardé la télé.
Mr le président, vous aviez bien fait votre travail. Alors je prends la plume aussi.
Je n'ai jamais vécu à la Villeneuve mais j'ai un attachement pour ce quartier parce que je connaîs des gens qui y ont vécu et qui en ont fréquenté les écoles qui à l'époque étaient expérimentales. Je pense qu'il reste quelque chose de ce foisonnement même si les classes lecture ont fermé et que c'est cela qu'il faut montrer, le côté créatif de ce quartier. Oui, il faut montrer ce qui marche, pas ce qui ne fonctionne pas. Parfois il m'arrive d'aller au collège de ce quartier en tant que jury pour les primo-arrivants. Et je suis toujours stupéfaite de voir à quel point ils ont envie d'apprendre notre langue !
Je ne prétends pas que la situation est idyllique mais stigmatiser un quartier et l'abandonner , c'est contraire à votre métier de Président.
Et donc j'écris ces mots parce que vous nous avez prouvé que les mots peuvent être un volcan et nous exploser à la figure. Ou laisser des traces d'une manière plus insidieuse et exploser des années après. Une lave qui détruit tout sur son passage.
Mais en Islande, vu de loin les perceptions sont différentes, j'ai aussi compris qu'une terre volcanique est fertile. Les Islandais sortent de la crise, eux, ils ont beaucoup à nous apprendre.
Et je sais qu'il suffit de semer de nouveaux mots, des mots tournés vers les humains et non pas contre eux pour que ce quartier retrouve sa fierté.
Je pourrais démonter votre discours, je me contenterais d'un extrait. Plutôt que « nous subissons les conséquences de cinquante années d'immigration insuffisament régulée qui ont abouti à un échec de l'intégration », je préfère « nous sommes tous des enfants d'immigrés » et je dis « Villeneuve debout » pour que les habitants de ce quartier redeviennent aussi fiers et forts que les Géants de Klaus Schultze.
Bien à vous Mr le Président et j'espère que ce petit texte sèmera des graines de jolies fleurs !
Texte écrit en avril, à modifier avec Ex Président !!!
Drôle d'aventure, ce concours que j'avais hésité à faire m'a conduite à participer à ce spectacle, j'en suis encore toute éblouie !
La drôle de valise que j'ai utilisée pour éclairée le géant Liedo !
Et la place des géants qui a nourri cette incroyable histoire :
Et voilà le résultat :
Et la façon de travailler de la compagnie l'homme debout
A suivre...