Anna et son arbre
J'ai très peu dessiné depuis Taipei
Là-bas tout allait bien
j'étais entièrement moi-même
tout en étant quelqu'un d'autre
quelqu'un que je ne connaissais pas encore
Je dessinais et j'étais moi
Tout changeait tout le temps
comme les nuages au dessus de la ville
ou le vent des typhons
Ici c'est plus compliqué
je me suis retrouvée orpheline de prof de dessin
et même si j'avais choisi de l'être
un peu comme Poil de Carotte
j'en menais pas large
Et puis hier
comme j'avais démonté une applique en fin de vie,
que je devais éclairer ma vie d'un jour nouveau
j'ai décidé de me payer le luxe de choisir une applique qui me plaise vraiment
quelle que soit la taille
et de dessiner sur le mur pour masquer le reste
J'ai jamais très peur quand j'ai une idée aussi précise
mais quand même
Alors j'ai repensé au cours de dessin à Montreuil
comment on dessinait sur les grandes bandes de papier peint avec Natali
en s'en fichant du résultat
et j'ai tout retrouvé,
la même énergie
Sauf que l'applique ne tient pas
et qu'il faudrait que je retrouve un amoureux
qui sache faire des trous dans les murs
Alors pour la photo avec l'applique et la lumière, il faut attendre un peu
mais cette Anna s'en fiche complètement
elle est peinard dans son arbre
bien à sa place
et c'est tout ce qui compte, finalement
"Pour que la vie soit toujours un chantier"
c'est la belle dédicace de Maylis de Kérangal au Goncourt des lycéens
pour son magnifique roman "Naissance d'un pont".
Et pour les petits curieux qui veulent savoir
si la lumière enfin fuse :